REMARQUABLE ouvrage,
publié
juste avant la guerre en 1938, relate la correspondance entre deux amis
américains quarantenaires : un marchand d'art juif, Max Eisenstein
– américain ayant fait des études en Allemagne, revenu vivre aux
Etats-Unis, à
San Francisco - ; et son ami et associé, dénommé Martin Schulse,
qui
décide de rentrer dans son pays natal, l’Allemagne avec sa famille et
qui
adopte progressivement l'idéologie nazie. Tous deux tenaient une
affaire de
commerce de tableaux.
L'histoire
épistolaire fictive s’étale du 12 novembre 1932 au 3 mars 1934. Au
début ce
sont des messages presque sans importance, des nouvelles brèves mais
sincères.
Cependant, progressivement, fin 1932, début 1933, Martin semble vouloir
étouffer leur correspondance et finit par ne plus lui écrire. Seulement
les
derniers messages que Martin rédige sont terrifiants de racisme et finit
presque
pas dédaigner les juifs, fait l’éloge d’Hitler, et puis révèle être
conquis par
l’oratoire de ce haut personnage.
Finalement,
Martin confie à Max, dans sa dernière lettre datée du 12 Février 1934,
que cette
correspondance l’effraie et implore Max de ne plus lui envoyer de
lettre. On
lui a révoqué son poste de fonctionnaire, sa famille vit sous le joug
croissant
du régime autoritaire et impartial du Reich.
L’histoire fit l'objet d'une adaptation
cinématographique en 1944, réalisée par William Cameron Menzies.
INCONNU à cette
adresse est
vraiment le roman à lire si l’on aime tout ce qui tourne autour de la
Seconde
Guerre Mondiale. Nous l’avons lu au bord de la mer, cet été et pourtant
toute
cette histoire est restée ancrée dans nos cerveaux. Très court pourtant
avec
ses quatre-vingt dix pages, Kressmann Taylor en dit long sur ce qu'Hitler a pu
avoir comme influence auprès d’un peuple plié sous la République de
Weimar,
honteux des dettes envers la France, du « diktat » de
Versailles et du
Krach boursier des Etats-Unis qui vient les toucher au tout début des
années
30.
Et
puis, frappante est cette relation entre deux amis qui finalement
déraille, ça
nous frustre, ça choque et puis, en fait, c’est tellement représentatif
de ce
qu’on pu vivre des milliers de personnes que l’on finit par
accepter : « Oui ! Ca a pû être comme
ça ! ».