BORIS Vian
était malin car, en publiant ce livre écrit en deux semaines à l’été
1946, il
prétendait qu’il avait traduit un auteur américain, petit prodige de
thriller,
genre très en vogue à l’époque aux Etats-Unis et en France. En réalité,
Boris
Vian était bien le vrai et l’unique auteur de ce livre qui scandalisa
toute la
critique et les lecteurs à sa parution.
Par son
titre provoquant, il devient pourtant très vite le best-seller de
l’année 1947.
Peu après sa parution, considéré comme pornographique et immoral, ce
livre fut
interdit en 1949 et son auteur condamné pour outrage aux bonnes mœurs.
Cet écrivain
imaginaire a permis à Vian de s’exprimer sans artifices, dans la plus
naturelle. Après un succès flagrant de cette série très noire à la fin
des
années quarante, ce succès laisse place à une période d’étouffement
dans les
années cinquante et soixante. Ce n’est qu’en 1968 que les étudiants de
Mai 68
redécouvrent Vian et donc Vernon.
Vian
maîtrisait assez les thèmes et les techniques du roman noir américain
et la
langue anglais pour pouvoir créer des pastiches et des traductions de
qualité.
Voilà pourquoi l’on a cru pendant quelques temps que le livre était
véritablement une traduction jusqu’au moment où Vian dû prouver qu’il
détenait
le texte original de l’œuvre… Pourtant il rédigea même un texte
original en
anglais pour le prouver ! En novembre 1948, il reconnaît
finalement qu’il
est l’auteur du roman à scandale, qualifié d’abomination littéraire, J’irai cracher sur vos tombes.
C’est le roman qui nous a le plus
choqué, après
Sade ! Comment peut-on avoir l’idée farfelue de mettre en scène
tant de
crudité que l’on en a le ventre retourné en imaginant la scène dans sa
tête. De
la même façon que s’exprimait Flaubert dans ses correspondances, Vian
se
dévoile face à son lecteur et casse l’image si tendre de L’écume des jours. C’est véritablement un roman assez
facile à lire
mais très dur à avaler, qui traumatise quelques temps et qui donne
envie de vomir
parfois tellement les sitatutions racontées sont terrifiantes.
Plusieurs nous
nous sommes sentis mal devant quelques mots placés côte à côte et qui
pourtant
sont très dur à lire.
Vian
réalise un véritable coup de maître en se passant pour le traducteur
d’un
auteur américain, car, en fait, il se cache derrière un pseudo pour
éviter de
casser le mythe et surtout parce qu’il est très déçu de ne pas avoir
reçu le
prix de la Pléaide…
Un
roman à découvrir et qui bouleverse tout d’un seul coup. On retrouvera
bien sûr
les caractéristiques du thriller avec une trame policière, un
vocabulaire
anglo-saxon et des tournures de phrases simples mais efficaces qui ne
laisseront pas le lecteur insensible ! C’est le cas de le
dire ! Ceux
qui aiment les romans policiers vont se régaler… ou détester !