Publié en 1833

Le médecin de campagne par Honoré de Balzac

            VOICI un livre de Balzac où les inconditionnels de cet auteur pourront enfin apprécier la belle prose. Le Médecin de Campagne n’est pas une histoire en tant que telle avec une chronologique normale et plutôt plate, non, il s’agirait plutôt de petites histoires, d’analepses pour utiliser un vocabulaire plus littéraire.
            Nous sommes en 1829 et le commandant Genestas vient rencontrer le docteur Benassis pour des blessures de guerre. Lors de leur rencontre, le docteur Benassis raconte longuement de quelle façon il a transformé un petit village arriéré de paysans en une ville prospère et magnifique où la pauvreté d’avant a été remplacée par une richesse abondante.  Cet homme simple est arrivé dans le misérable bourg qu’est maintenant ce luxuriant village, il y a voilà dix ans, pour soigner le peuple de paysans. Grâce à ses théories, le miteux hameau devient, à coups de gigantesques travaux hydrauliques, transformant les terres autrefois arides en terres fertiles où l’on put planter le blé et le maïs, une véritable ressource agricole. Devenu, par ces actions bienfaitrices, maire de ce peuple vivant en autarcie, il améliore les habitations, développe l’industrie et le commerce, fonde une école et des institutions municipales.
         Toute cette organisation donne aux habitants des conditions de vie exceptionnelles ce qui a pour effet de créer un véritable culte autour du maire, vu comme un saint. Peuple autrefois ignorant et bête, il est devenu intelligeant et ambitieux.
             Après ce long récit du développement de ce village pittoresque, véritable utopie fictive, le commandant Genestas livre le motif de sa venue : son fils est malade d’une maladie inconnue et seul le docteur Benassis, réputé être un prodige, accepte de soigner son fils. Traitement qui réussit. Adrien, fils du commandant, frêle et livide, devient alors un homme grand et fort.
La dernière partie du roman relate de plusieurs histoires que se racontent les paysans, dans la grange, où Benassis et Genestas se sont cachés derrière des bottes de foin et de paille. Ces récits relatent des batailles napoléoniennes qu’ont vécu les paysans lorsqu’ils furent intégrés à la l’armée. Ensemble, ils se remémorent « le bon vieux temps ». Il s’agit en fait d’un projet sur Napoléon Ier que Balzac aurait voulu écrire mais qui ne vit jamais le jour.

         Dans son ensemble, le livre expose la vision que Balzac a de l’organisation sociale, du pouvoir politique et vis-à-vis de la religion. Les critiques d’aujourd’hui y voient une sorte de libéralisme moderne, d’autres des pensées socialistes. Mais il vaut mieux considérer ce roman comme une pure fiction rejoignant le monde de Rousseau avec un éloge de la nature, de la paix et de la poésie.

            UN synopsis bien différent des autres romans que Balzac a pu écrire. Nous nous sommes jamais ennuyés, ce qui est vraiment un point positif, les descriptions sont très peu mise en avant, c’est beaucoup plus une histoire composée d’autres histoires, l’intrigue n’est que très peu développée, sans doute Balzac a t’il préféré se reposer entre deux romans. En tout cas sa prose n’a pas perdue de sa beauté et notre lecture a parfois été ponctuée de rires comme de larmes, par exemple quand Adrien, à la toute fin, nous fait le récit de la mort du docteur Benassis, étrange et inexplicable, presque fantastique.
            Nous avons surtout trouvé intéressant l’incroyable expansion du petit hameau insalubre et archaïque en une ville devenue un exemple pour toute la région grenobloise. Tout cela grâce au génie de M. Benassis, idole des habitants, dont la masure domine la ville.
        Pour nous, ce furent des sentiments forts et purs que Balzac nous a dépeints et nous nous sommes bien régalés.
        Genestas est un personnage attachant et tendre malgré le fait que c’est quand même un commandant qui doit se montrer dur devant son armée. Benassis aussi est attachant, bon vivant et on trouve chez ce personnage une audace déconcertante et une envie de réussir puissante.
          En bref, voilà un très bon roman à lire.


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