Publié en 2001

Le Second Souffle par Philippe Pozzo Di Borgo

QUI ne connaît pas le film Intouchables sorti en novembre dernier ? Ce film qui a fait plus de 19 millions d’entrées en France et qui a généré un profit de 340 millions de dollars ? Mais quel est l’origine de ce film planétaire qui est, de plus, encore diffusé dans de nombreux pays et dont la critique de la presse a été et est encore joviale.
            C’est ce petit livre, sorti chez Bayard en 2001, soit il y a déjà dix ans qui a attiré les deux réalisateurs du film. Il est réédité en 2011 chez Bayard et en poche chez Le livre de poche ce mois de Mai 2012.
            L’auteur dévoile à travers les pages son enfance, sa famille, son origine, sa vie de jeune couple, ses enfants jusqu’au drame qui changea sa vie : « Un jour je me suis écrasé entre l’herbe verte et l’enfer ». Cet accident de parachute qui survient le 23 Juin 1993 le condamne à rester dans un fauteuil, le voilà tétraplégique. Ce livre raconte ses souffrances et les différents phénomènes liés à cette inactivité du corps. On découvre alors les « brûlures-fantômes », brûlures qui font souffrir mais que ne sont qu’imaginaires ou bien des douleurs localisées sur un membre hors d’usage.
            Philippe Pozzo di Borgo souffre beaucoup et sa femme Béatrice est à ses côtés pour l’aider. Elle aussi avait une vie difficile, elle qui était si joyeuse. Tous deux n’ont jamais pu avoir d’enfant, ou bien alors celui-ci était mort-né. Un jour on découvre une maladie rare chez Béatrice, c’est une maladie du sang, incurable et qui ne permet pas au bébé de pouvoir survivre lors de son développement. C’est ainsi qu’ils décident d’adopter, ce sera Laetitia et Robert-Jean (en l’honneur d’un ancêtre de la famille Pozzo).
            Philippe part à Kerpape pour une cure accompagné de sa femme Béatrice. Tous deux s’aident mutuellement, se soutiennent et s’aiment infiniment. Leur amour est plus fort que tout mais finalement Béatrice décède en 1996 face à sa maladie du sang. Philippe se retrouve alors terriblement seul. La disparition de sa femme le hantera et jamais il ne s’en remettra. Face à son destin tragique, il fait passer une annonce. Le riche descendant cherche un assistant qui pour pourra l’aider dans sa vie quotidienne et donc remplacer sa femme. Beaucoup de prétendants viennent, deux sont retenus : Abdel et un autre homme. Mis à l’épreuve durant une semaine chacun, Abdel répond aux exigences de Philippe. C’est ainsi qu’Abdel entra dans sa vie.

           
ICI s’achève le Second Souffle. Un autre texte a été rajouté à la suite de la sortie du film Intouchables, le Diable Gardien raconte plus en détails la connivence entre Abdel et Philippe. On en apprend d’ailleurs un peu plus sur Abdel qui se révèle être quelqu’un de particulièrement contrasté, violent parfois comme délicat. « Il est insupportable, vaniteux, orgueilleux, brutal, inconstant, humain. »

            APRES avoir vu le film Intouchables en novembre 2011, je dois dire que le livre dans lequel les réalisateurs ont puisé leur inspiration est tout autre du film. Le film semble beaucoup plus porté sur la relation entre Abdel et Philippe, sur l’humour, sur l’état tétraplégique de Philippe mais en aucun cas sur la femme de Philippe, Béatrice. Je pourrais plutôt dire que le livre est un complément du film.
            J’ai trouvé le style de l’écrivain très épuré et simple. J’aurai pu m’attendre à un style plus strict et rigoureux, Philippe Pozzo di Borgo faisant parti de la haute société parisienne. Cependant, c’est avec une facilité déconcertante que Philippe parle de sa tétraplégie et de ses souffrances.
            Sans tabou, il ne livre ses plus vifs ressentis, ses craintes et ses peurs de façon surprenante. Du point de vue de la structure, le livre est divisé en parties qui comportent dans leur sein plusieurs chapitres de quelques pages. Ce découpage m’a permis d’évoluer plus facilement dans le livre.

            J’ai beaucoup aimé ce témoignage assez rare en fait. Peu de gens, je pense, peuvent parler de leur vie et de ce qu’ils ont vécu, quand on a vécu une vie comme celle de Philippe Pozzo di Borgo. Comme le film, cela m’a beaucoup émue et je me suis senti comme happé par l’histoire si dure et si triste d’une vie de couple qui se dessinait parfaitement à un destin gâché par la maladie et les problèmes. Malgré la richesse pécuniaire de Philippe Pozzo di Borgo, sa vie n’aura pas été une des plus tranquilles.


« Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! » - Jules Renard.

          ABDEL Sellou a publié le 22 Mars 2012 un livre, Tu as changé ma vie…, qui parle également de cette complicité entre le tétraplégique riche et son assistant.


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